Coupable par association ou par naissance

Il est souriant, bienveillant, avenant, respectueux et travailleur. Est-ce que tu me croirerais si je te disais que cet homme souffre. De l’extérieur, tout peut sembler normal. De l’intérieur, il brûle complètement de temps en temps. Il porte le poids et les échecs de la société sur lui. Et même avec ce lourd fardeau, il n’a pas le droit de se plaindre.

Le plus surprenant de tout ça, son cas n’est pas unique. De nos jours, les hommes souffrent et il semble que personne n’a rien à fouttre de leurs problèmes du fait qu’ils sont tout simplement des hommes. Il y a quelques décennies, dans un passé très proche,  les femmes souffraient aussi de beaucoup d’inégalités et d’injustice parce que tout simplement elles étaient des femmes dans un monde construit et dirigé par des hommes. Avec le combat des mouvements et associations composés non seulement de femmes mais d’hommes, un grand progrès a été réalisé en matière de droit, de diversité et d’inclusion des femmes. 

Ce qui est en soi une bonne chose pour toute la société. D’une part, le problème des femmes a été perçu comme un problème sociétal et par conséquent toutes les branches sociétales, politiques et économiques l’ont approprié pour en faire une bataille du siècle et contre le système patriarcal. 

Hommes et femmes, nous sommes une équipe. Notre réussite ou échec est interdépendant. Et la société, en tant que collectif, paiera toujours les conséquences de notre échec et bénéficiera des avantages de notre réussite. 

D’autre part, comme tout changement, il nécessite de l’accomagnement et de la refonte des manières de faire, des habitudes & apprioris. Certains ont dû perdre peut-être leur place et statut dans la société et d’autres ont pu gravir des échelons. Le changement vient avec des surprises et comme d’habitude, certains ont dû payer cher parce qu’ils n’ont pas anticipé l’étendue et l’impact de ce changement. 

Quoiqu’il en soit, la société a pris le sujet en charge et des mesures correctives et coecitives ont été prises. Depuis lors, la courbe de progression des femmes sur tous les secteurs et domaines est exponentielle. Les femmes performent mieux que les hommes au 21ème siècle.  

Les femmes représentent désormais 50,7 % de la main-d’œuvre diplômée de l’enseignement supérieur, dépassant ainsi les hommes en 2023. Les femmes surpassent statistiquement les hommes dans diverses catégories, mais cela n’a pas toujours été le cas. Pendant des siècles, les garçons semblaient avoir l’avantage dans divers aspects de la vie, comme les études et la carrière.

Encore une fois, une bonne chose pour la société de manière générale. 

Cependant, Il serait judicieux de dire que peut être on a trop penché la pendule à l’autre extrémité du centre. Les hommes souffrent en silence. Et quand ils laissent leur ego et fierté de côté pour en parler, ils sont souvent moqués, minimisés et vilipendés. Toute la société semble nous dire : “ votre problème est votre problème et non celui de la société. Vous avez déjà l’avantage d’être un homme dans un monde construit par des hommes. Donc, ne venez pas nous parler de vos soucis. ”

Quand il s’agit des plaidoyers des femmes, on interpelle la société dans toutes ses dimensions. Au contraire, quant aux hommes, le message est clair : débrouillez-vous ! Le sexe féminin est réconforté comme des enfants et le sexe masculin est répulsé et repoussé comme des rebels. 

Résultat de la course, 75% des morts par suicide concernent les hommes et par conséquent le suicide représente la cause principale de décès chez les hommes âgés de -35. Les jeunes hommes âgés entre 16-29 ans connaissent plusieurs épsiodes dépressifs et d’anxiété pouvant crippler leur développement personnel, estime de soi et confiance en soi, 30% des hommes âgés de – 30 ans ont du mal à trouver une partenaire de vie. 

Les femmes sont de plus en plus sélectives et préfèrent les High Value Men : des hommes de richesse, de statut, de pouvoir ou de notoriété. 80% des femmes courent derrière et compétissent pour les top 20% des hommes considérés comme des High Value. 

Parenthèse ouverte. Pour leur défense, je serai aussi sélectif si la responsabilité de porter un être pendant 9 mois m’était bilogiqument attribuée sans compter le fait que tu dois en occuper jusqu’à la fin de tes jours. Parenthèse fermée. 

Alors, sans doute je comprends quand un pourcentage assez conséquent des femmes disent qu’elles ont du mal à trouver un bon partenaire. Une société avec des jeunes hommes perdus, déprimés, anxieux et en colère n’arrange personne et ne fait que réduire le pool des options pour les femmes. 

J’ai beaucoup d’amis qui ont entre 25 & 36 ans, qui rêvent de se marier et de fonder une famille, qui se comportent de manière respectueuse et honorable, bosseurs et protecteurs. Malgré tout cela, toutes leurs tentatives d’approche et de séduction tombent dans l’eau. Et au lieu de les encourager à travailler davantage sur eux-mêmes et leur procurer des opportunités, la société se permet de les appeler des incels : des célibataires involontaires. 

Comme si d’autres ont la la capacité d’avoir qui elles veulent et quand elles veulent à tout moment. Ce qui est tout à fait faux. En tant qu’hommes, nous avons tous été rejetés et cela fait simplement partie intégrante de l’existence humaine. En plus, la réalité nous rappelle toujours qui nous sommes et notre échelle sur la société. Nous n’avons pas encore le luxe d’être riche, connu, aimé et apprécié uniquement grâce à notre beauté physique comme on le constate avec certaines influences et baddies sur les réseaux sociaux.

Au lieu de catégoriser ceux qui se comportent littéralement selon les principes et valeurs d’une bonne société dans une case reductrice avec un ton critique et insolent, pourquoi ne pas les encourager, les accompagner, leur donner une chance et de leur faire comprendre que leur temps viendra. 

Je ne sais pas si c’est la citation de Freud Ou Jung qui disait “si vous voulez créer des monstres, punissez les quand ils font quelque chose de bien.”

Beaucoup d’hommes travaillent dur, subviennent aux besoins de leur famille et n’ont jamais entendu ne serait-ce que quelques mots d’encouragement, d’appréciation et de reconnaissance. Pire, ils sont punis par la société à moindre déviation. Un homme qui quitte sa femme est perçu comme un méchant infidèle qui doit payer cher son erreur alors qu’une femme qui quitte son foyer, la réponse principale de la société est : qu’est-ce qu’il a fait ?

Et pourtant, 80% des divorces sont déclenchés par les femmes. 90% des hommes divorcés ont des difficultés financières en grande partie à cause de leur divorce.

Encore une fois de plus, je ne cherche pas de coupables. Je revendique simplement de traiter les problèmes des hommes de la même manière que ceux des femmes. Nous sommes une équipe et ce n’est pas parce que le système patriarcal a commis quelques injustices auparavant que tous les hommes doivent être punis éternellement – coupables par association. 

Mes arrières grand-parents étaient colonisés et pourtant je ne juge pas les éuropéens ni mes collégues français des péchés de leurs antécédents. Nous avons connu tous des traumatismes que ce soient générationnels ou circonstaciels. 

Les femmes continuent aussi d’avoir leur ribambelles de défis à relever et de nouveaux combats à mener. Loin de dire que tout est rose dans la vie d’une femme. Le processus de l’équité, l’égalité et de justice est très lent et chronophage. La victoire est loin d’être déclarée et nous avons encore un long chemin à parcourir.

Pourquoi ne pouvons-nous pas nous guérir dans la dignité et le respect, dans l’entraide et la solidarité ?

Ce double poids, double mesure n’a pas lieu d’être. Nous n’avons pas besoin de vaincu et de vainqueur. Cette vie humaine n’est pas une  course ni un sport. C’est une danse rythmée et harmonieuse. Chacun a un rôle à jouer pour maintenir et contribuer à cette harmonie. 

Le progrès est toujours difficile à suivre en temps réel. Cependant, le jour où une femme incompétente peut se retrouver au sommet de la hiérarchie et qu’un homme incompétent (incapacité à créer de la valeur) peut être aimé inconditionnellement, je pourrai dire que l’humanité va dans la bonne direction. 

En attendant, soyons empathiques de l’un à l’autre.