La communication non violente

Je suis sûr qu’il vous est arrivé de vous retrouver dans une situation où vous aviez l’impression de parler à un mur, de parler une langue étrangère que votre interlocuteur ne comprend pas du tout. On dirait un débat de sourds. 

Dans la majeure partie des cas, on finit par être agacé, irrité, incompris et furieux. On se sent dans une impasse totale, perplexe et perdue et sans réponse. Ce qui déclenche souvent une attitude d’attaque ou de fuite ; notre instinct de survie.

Faisons un petit pas en arrière. Pour mieux communiquer, il est nécessaire de choisir les bons mots, au bon moment, au bon endroit et avec les émotions appropriées qui vont avec et tout dans les règles de l’art. Autrement dit, avoir de l’intelligence émotionnelle. 

L’intelligence émotionnelle repose sur 5 piliers : 

  • Savoir identifier ses émotions et celles des autres ;
  • Comprendre ses émotions et celles des autres ;
  • Exprimer ses émotions et aider les autres à les exprimer ;
  • Gérer ses émotions et s’adapter à celles des autres ;
  • Utiliser ses émotions pour bien communiquer, gérer son stress, prendre les bonnes décisions, se motiver et motiver les autres, entretenir de bonnes relations interpersonnelles.

Identifier ses émotions et celles des autres

Notre émotion a un impact sur nous et sur les autres. Même si vous êtes doués pour comprendre vos propres émotions, il se peut que vous soyez moins bon dans la réception et la compréhension des émotions des autres. 

L’émotion joue un effet de miroir. Plus vous apprenez à les gérer, mieux votre vie sera. Plus vous les refoulez ou transférez,  plus vous allez souffrir dans vos dynamiques relationnelles.

Il est possible de faire des tests d’autodiagnostic pour savoir où vous situez sur le spectre de ces 5 compétences et piliers, vos points forts, vos points faibles et quelques pistes d’amélioration.

Comme toute compétence, l’intelligence émotionnelle se cultive et se développe. Malheureusement, elle n’est pas enseignée à l’école et n’est pas prise au sérieux au même degré que le quotient intellectuel ou l’aptitude physique. D’ailleurs, elle ne représente que 1 % sur le programme scolaire. 

Cependant, 90% des crimes émanent d’un conflit déclenché par un besoin (conscient ou inconscient) et un conflit n’est que des émotions mal gérées qui se manifestent à travers la violence physique, morale ou émotionnelle. En d’autres termes, c’est le manque de conscience sur nos propres émotions et d’outils ou vocabulaires pour les exprimer qui poussent les gens à à mal se comporter ou à reproduire le schéma connu de leur enfance comme un moyen de libération et de purge. 

Si seulement on pouvait retarder de quelques secondes, entre les différents stimuli et notre réaction immédiate primitive de fuite ou d’attaque, pour prendre le temps de respirer et de réfléchir, le monde aurait moins de conflits et de souffrance.

Au lieu de réagir constamment, soyons proactifs. Il faut savoir accueillir nos émotions. Elles ne sont ni positives, ni négatives. Parfois, elles nous posent problème et sont inconfortables. Parfois elles nous aident à résoudre nos problèmes. Nos émotions sont ou ne sont pas appropriées : elles nous rendent heureuses ou pas ; elles sont efficaces ou inefficaces.

Le rôle des émotions est de nous signaler que nous avons un besoin à satisfaire. Chaque émotion a un déclencheur relié à un besoin spécifique. 

  • C’est parce que je n’écoute pas suffisamment mes besoins, que je ne sais pas lire mes émotions que je rentre à la maison sous stress
  • Je suis en colère parce que j’ai besoin d’être traité avec justice. A chaque fois que je me sens discriminé, oublié ou non reconnu, je me sens irrité et agacé. 
  • Je suis triste parce que j’ai besoin de douceur, d’amour et d’encouragement. Autrement dit, on est triste parce que notre cerveau nous dit que c’est fini mais notre corps et notre cœur continuent de s’attacher à la mémoire du passé. 

Comprendre nos émotions et celles des autres

 Chaque émotion a un déclencheur et un besoin derrière. Comprendre les émotions est aussi de savoir par quel état mental se retrouve notre interlocuteur et nous-mêmes au moment présent. Est ce que je suis en mode instinct de survie, en mode rationnel et logique ou en mode émotif ?

Ces trois comportements sont ancrés en nous et moulés dans notre fabrique cérébrale et processus décisionnel. Notre cerveau est composée de trois parties  :  

  • Le cerveau primitif, reptilien : c’est cette partie archaïque qui nous a aidé à survivre au fil des années en privilégiant l’instinct de survie et la réactivité impulsive. C’est le fight or flight, l’attaque ou la défense, Moi ou Lui. Entre nous et eux.
  • Le cerveau Limbique : c’est la composante affective qui nous permet de sentir nos émotions (positives et négatives) et les situations associées.
  • Le néocortex : c’est la composante logique responsable du raisonnement, du langage et de l’anticipation des actes.

Le pouvoir et l’influence de chaque composante dans nos activités de tous les jours différent d’un individu à l’autre.  Certaines personnes sont conditionnées par leur néocortex et cherchent même à raisonner leur douleur. D’autres sont émotives et incapables d’analyser le pour et et le contre pendant que certaines cherchent tout simplement à survivre du jour au lendemain sans aucune capacité de planification et d’élaboration d’objectifs. 

Nous devenons ce que nous pratiquons. L’objectif de cet épisode n’est pas de vous apprendre comment réfléchir ni comment survivre mais plutôt comment gérer nos émotions et leurs dysfonctionnements.

D’habitude nos dysfonctionnements émotionnels se manifestent sous 3 formes  : le timbre, le racket et l’élastique.

  • Le timbre : C’est un sentiment ressenti mais non exprimé. Il est stocké et vient s’ajouter à d’autres sentiments non exprimés ou d’autres timbres stockés dans un carnet imaginaire. Quand le carnet est rempli, la personne se donne alors le droit d’exprimer, sous une forme parfois explosive, la somme des émotions stockées. Autrement dit, c’est quand la personne se lâche sur vous pour des petits détails ou quand la réaction émotionnelle est disproportionnée par rapport aux faits. 

Par exemple, je crie sur le petit pendant 10 min parce qu’il a oublié de fermer la porte de l’armoire. Je me fait sermonner par à quel moyen je suis con et désorganisé parce que tout simplement j’ai oublié de renouveler les sachets poubelles. 

  • Le racket : c’est un sentiment de substitution. Il remplace un sentiment qu’on s’interdit d’avoir. Il est familier et répétitif, par exemple :
    • Se mettre en colère face à un danger
    • Se mettre à pleurer quand on est face à une injustice
    •  Se mettre à rire alors qu’on est en difficulté 

Le sentiment exprimé n’est pas en relation directe avec la situation vécue. Ce n’est pas parce que je souris tout le temps que je suis malheureux. Je peux avoir mille problèmes mais tu ne verras jamais leurs marques et cicatrices sur mon visage. S’il y a un truc que nous faisons tous super bien : c’est faire semblant.

  • L’élastique est un sentiment qui renvoie à une situation non résolue du passé. Il se produit quand la situation présente une ressemblance avec un événement du passé. Le sentiment exprimé est disproportionné par rapport à l’évènement présent. C’est pourquoi les réactions élastiques semblent exagérées, excessives. Par exemple :
    • J’ai été abandonné par mon père et du coup je préfère être celui qui met fin aux relations parce que ça fait moins mal que de laisser l’autre mettre fin à la relation. J’ai peur d’être abandonné donc j’abandonne les autres au premier soupçon pour avoir le sentiment d’être au contrôle. 
    • Ma mère n’avait jamais le temps pour moi. Elle travaillait tout le temps. Je ne me sentais pas vu, aimé ou écouté. Par conséquent, je passe tout mon temps à la maison avec mes enfants. Je fais leur éducation et je veux leur faire sentir qu’ils sont aimés, vu et écoutés. 

Exprimer ses émotions et aider les autres à les exprimer  

La grosse difficulté chez les humains est : notre tendance à parler sur l’autre, à être dans le jugement, le reproche, le Tu qui tue, l’accusation et le blâme. 

Donc, exprimer ses émotions commence par prendre du recul et choisir les bons mots et le moment opportun pour soi et pour l’autre. Le fondement de ce qu’on appelle la communication non violente. 

toujours parler d’abord de soi, utiliser le ‘’Je’’ plutôt que le ‘’Tu’’. Parlons de soi, de son ressenti et de ses émotions en utilisant la méthode OSBD

  • J’observe sans opinion, sans généralisation et sans jugement de valeur
  • Ce que je ressens par rapport aux faits
  • Ce dont j’ai besoin dans la situation
  • Ce que je demande de manière précise, positive et négociable

Par exemple, j’ai observé ton interaction avec ton chef et le reste de l’équipe pendant notre réunion de ce matin. Je ressens que t’es distant, agacé et irrité. J’ai juste besoin que tu viennes me parler la prochaine fois si quelque chose te dérange avant de te défouler sur tout le monde comme ça. Qu’en penses-tu ? Serais-tu d’accord avec moi que ce n’est pas la meilleure manière de parler avec les gens

Gérer et utiliser ses émotions  

D’abord, il existe 4 émotions fondamentales : la peur, la colère, la tristesse et la joie. Pour avoir plus de détails sur ces 4 émotions, comprendre comment gérer et utiliser ses émotions, je vous conseille de lire mon blog post : http://abibsall.com/developpement-personnel/pourquoi-1-min-de-colere-vous-prend-01h-pour-vous-relaxer/

En conclusion, nul ne peut négliger ou refouler ses sentiments et émotions éternellement. Tôt ou tard, le moment de la révélation viendra. La vraie question à se poser est : souhaiteriez-vous tenir le volant et amener vos émotions au bon port ou préféreriez-vous laisser vos émotions naviguer librement et sans controle votre existence.

Quoi qu’il en soit, nous payons toujours le prix de nos émotions. Quand on est fâché, le prix à payer est la frustration que l’on exprime notre ressenti ou pas. Mieux vaut l’exprimer avec tactique pour éviter que les même déclencheurs reviennent vous rendre plus souvent que de refouler votre sentiment de frustration.

Rappelez vous bien de la citation de Neil Strauss :

Les attentes non exprimées sont des ressentiments prémédités