Comment casser les limites des connaissances généralistes ?

Dans un séminaire organisé à King Fahd Palace sur la révolution technologique et la communication digitale, le Professeur GUEYE posa une question piège à un groupe d’experts du numérique et qui portait sur le facteur principal de réussite des réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, Instagram,…. et comment ces derniers ont réussi à attirer les masses sans aucune publicité et continuent de générer des revenus exorbitants; deux fois supérieurs aux budgets de tous les pays Ouest-Africains ?

Le professeur voulait savoir une seul chose avec cette question et avec cette audience qui se voit comme experts dans leurs domaines : est-ce que toutes ces personnes ont pris le temps de décortiquer, non pas en surface, mais en profondeur la magie et les facteurs de fonctionnement du domaine dans lequel ils se réclament le statut d’experts ?

Toutes les réponses données étaient concentrées sur ce que tout le monde conn+ait déjà ou voit ou ce que tout le monde veut nous faire comprendre. Personne n’a su apporter sa touche personnelle, sa créativité et ni sa modeste imagination.

Il existait des plateformes avant Facebook comme HI5 et des applications comme Viber et IMO avant WhatsApp. Spécifiquement, ce qui fait leur succès ne peut pas être uniquement la mise en place d’une plateforme d’interconnexion.

Le professeur voulait savoir si, parmi toute cette audience présente, quelqu’un avait ce qu’on appelle le « le butt power » ou ‘’le pouvoir des fesses’’ comme le disait Docteur Michio Kaku ; qui est le pouvoir de s’asseoir sur une chaise, mettre son portable et tous les autres éléments de distraction hors de portée et tout simplement réfléchir, étudier, assimiler, analyser pour parvenir à sa propre conclusion qui doit être pertinente, réfléchie et cohérente et non à la conclusion qu’aurait donnée un simple généraliste et un outsider du domaine.

Il voulait simplement savoir si ces prétendus experts avaient accumulé suffisamment de connaissances spécifiques et approfondies dans leur domaine pour sortir du périmètre de généraliste. C’est tout ce que le professeur voulait savoir. Et pourtant, personne n’a su lui donner la réponse qu’il attendait. 

Résultat de cette expérience ?

Cette expérience avec le professeur était un tournant très important au point de donner naissance à une théorie que je vais essayer d’explorer avec vous et qui peut vous aider à passer du général au spécifique et du spécifique en profondeur.

De nos jours, l’information est accessible au claquement du doigt. Littéralement, toute information ou connaissance que vous cherchez, vous pouvez la trouver sur les différents moteurs de recherche alors que nos parents passaient des semaines à la bibliothèque à feuilleter des pages d’encyclopédie.

A l’époque, il aurait suffi des années de recherche et d’études pour arriver à ramasser des connaissances générales et basiques dans un domaine spécifique. Ce qui est considéré comme général aujourd’hui était considéré spécifique y a quelques années.

Le revers de la médaille concernant l’avancement technologique et l’accès à l’information est que les jeunes d’aujourd’hui préfèrent se réfugier dans ce qui est apparent, s’identifier aux premières pages d’un livre ou aux premiers paragraphes sur Wikipédia pour s’auto-déclarer experts.

En réalité, si vous analysez de près l’expérience concept simple qui permet de mesurer le niveau de votre connaissance en corrélation avec votre aptitude technique voire personnelle.

Le concept 3C

Le concept 3C stipule qu’il existe trois types de connaissances : les Connaissances Générales, les Connaissances Spécifiques et les Connaissances Approfondies.

Et sur la base de ces trois types de connaissances, on peut catégoriser les aptitudes d’une personne en trois catégories : les Moyens, les Biens et les Excellents comme les montre les deux figures suivantes :

Avoir des connaissances générales, surtout dans votre domaine, vous prémuniraient certes d’être la personne la plus folle de la salle. Elles vous donneront le sentiment d’être normal et moyen. Mais la vraie question est comment on est arrivé à un monde où le général prime sur le spécifique où le sentiment de moyen est devenue la nouvelle norme ?

Les psychologues définissent le succès comme étant : un avantage cumulatif qui finit par sortir de l’ordinaire. Par exemple, le succès de Bill Gates réside sur le fait qu’il a eu l’avantage :

  • d’étudier à l’âge de 13 ans dans une école privée à Seattle qui abritait les familles des élites ;
  • d’avoir un accès illimité à la plus récente technologie d’ordinateur de l’époque (le seul ordinateur disponible dans sa région) à l’âge de 14 ans
  • de passer toutes ses années de collège à apprendre la programmation dans un système d’interface spécial qui était très coûteux et surtout à une époque où les ordinateurs étaient à la taille d’une salle de classe ;
  • d’avoir accès illimité à un laboratoire de recherche hors des heures de cours.

Tout ceux-ci font qu’il était l’homme le plus apte et le plus prêt à conduire l’évolution technologique dans les années 1980 parce qu’il avait déjà eu la chance de mettre plus de 10 000 heures de programmation et beaucoup d’opportunités cumulées pendant que les autres commençaient juste à découvrir la programmation ainsi que ses différentes applications .

Son succès résulte d’un avantage accumulé d’opportunités qui le faisait en quelque sorte hors de l’ordinaire. Bill Gates a su spécifier ses connaissances générales en mathématiques dans le domaine de l’informatique et puis les approfondir année après année avec une série d’expériences jusqu’à devenir le pionnier des ordinateurs et des systèmes d’exploitation.

Sans la richesse de sa famille, sans son accès prématuré à l’unique ordinateur du collège et sans son accès au laboratoire, le monde ne connaîtrait jamais Bill Gates.

Étudiez le parcours de Babacar NGOM de SEDIMA, le président et toutes les personnes de succès et vous trouverez un enchaînement d’évènements similaires dans leur parcours.

Saviez-vous que les joueurs nés dans les trois derniers mois de l’année ont plus de chance de devenir joueurs professionnels que ceux nés dans les autres mois de l’année ? Parce qu’ils auraient accumulé plus de temps de pratique (9 mois en moyenne) que les autres étant donné que les championnats commencent souvent au mois de septembre.

Maintenant, suivez un joueur de 4 ans né au mois de septembre jusqu’à l’âge de 18 ans et cumulez ses 09 mois supplémentaires de pratique et de préparation comparés à ses confrères et vous verrez qu’il sera largement plus prêt et plus technique que les autres et qu’il commencera certainement son parcours professionnel avant les autres.

80% des joueurs professionnels sont nés dans les trois derniers mois de l’année. Pour plus de détails, lisez le livre  » OUTLIERS  » de Malcom Gladwell sur les phénomènes de succès)

Finalité du concept 3C ?

Si le succès est un avantage cumulatif. Ma finalité avec ce concept c’est de vous dresser un schéma simple qui vous permettra de créer votre propre avantage cumulatif.

la meilleure manière d’outre passer le sentiment d’être moyen c’est de spécifier vos connaissances davantage et de passer de largeur en profondeur.

Aucune personne de succès n’a réussi en se basant uniquement sur ce que la majeure partie de l’humanité sait déjà. Jamais une personne n’a pris une bonne décision qui a fini par changer carrément sa vie en se basant uniquement sur les éléments de l’extérieur.

Et au plus grand jamais, aucun leader ou chef d’entreprise n’a pu augmenter la performance de son organisme sans une analyse et exploitation détaillée des résultats des indicateurs de mesure et de surveillance en cohérence avec les objectifs fixés par l’entreprise.

De toutes les manières, nous savons tous qu’il faut une certaine détermination et une rétro-inspection pour passer de moyen au bien et une ambition et de connaissance de soi pour passer de bien à l’excellent.

Comment adapter la logique du concept 3C ?

Cependant, il est important de ne pas considérer ceux ou celles qui ont une bonne mémoire et une capacité de rétention sans aucune faculté d’analyses comme étant des personnes de connaissances approfondies (experts).

Une personne de bonne mémoire trouve des solutions identiques pour le même problème car sa réflexion est constante et généraliste quel que soit la situation indépendamment de ses enjeux et de sa criticité. Elle fait qu’apporter une information crue emmagasinée quelque part parce qu’il a entendu quelqu’un le dire ou à la télé, à la radio ou il l’a lu dans un livre sur Wikipédia, ou on le lui a inculqué dès le bas âge, etc.

L’intelligence est votre capacité à analyser les différentes informations captées par votre mémoire, de les catégoriser en thématiques, de sortir les différents schémas logiques et les différents liens de cause à effets qui existent entre eux pour en tirer une décision ou un principe ou un constat au moment voulu et dans les conditions et circonstances souhaitées.

La notion d’intelligence fait appel à des connaissances spécifiques et approfondies pendant que la notion de mémoire fait appel à des connaissances généralistes.

Comme le montre la pyramide, il faudra développer une certaine connaissance basique, généraliste, fondamentale, mémorisable pour développer la faculté de spécifications et d’approfondissements (l’intelligence).

Pour activer les cellules analytiques de votre cerveau, il faut d’abord se rappeler des informations essentielles qui constituent le contexte ou la problématique que vous essayez de cerner. C’est une pyramide. Chaque étape est un fondement pour l’étape suivante.

Malheureusement, nous vivons dans un monde où nous cherchons à devenir excellents du jour au lendemain; où tout le monde se réclame d’experts oubliant le fardeau d’efforts et de travail acharné qui riment avec l’expertise.

Tous les grands scientifiques tels que Tomas Edison, Albert Einstein, Newton,…ont dû se baser sur les principes généraux de leurs domaines et à partir de ce fondement spécifier et approfondir leurs connaissances jusqu’à arriver à révolutionner même ses principes avec leurs découvertes scientifiques : la lampe à incandescence, la théorie de la relativité, les lois de Newton.

Je suis convaincu que si cette même logique de spécification et d’approfondissement était appliquée dans notre vie quotidienne, on aura plus de développement personnel, plus de connaissances de soi, plus d’accomplissement de soi et par conséquent moins de chômage et de dépendance.

L’appropriation de cette logique commence d’abord par une détermination et une ambition inébranlables de s’auto-éduquer, d’être tellement qualifié que personne n’oserait nier votre compétence, de s’investir sur soi, de s’outre passer des distractions qui nous fécondent tous les jours et de se concentrer sur vos objectifs, votre avenir et sur ce qui compte.

L’humanité n’a jamais connu une époque aussi appropriée que la nôtre pour ramasser des connaissances. Aucune excuse n’est justifiée dans cette nouvelle ère de dématérialisation. Pour passer de moyen au bien et de bien à l’excellent, il suffit de transformer les connaissances générales en connaissances spécifiques et de spécifiques en approfondies.

Si les jeunes, au lieu de s’évader sur les réseaux sociaux et dans le monde de l’apparence, passaient plus de temps à spécifier leurs connaissances, à participer dans des séminaires et ateliers de formation, à lire des livres jusqu’à devenir si bons que personne n’oserait leur nier leur compétence, on aurait moins de chômeurs et plus d’opportunités d’affaires.

L’accomplissement de soi et la compétence sont à caractère volontaire. Je me rappelle ma première année à l’Ecole Supérieure Polytechnique. Pour quelqu’un qui a fait son parcours d’études secondaires en Egypte, j’étais tellement nul en français au point de dire en plein cours de Technologie Alimentaire « On broie le lait ». J’étais à ce point nul et stupide.

C’est quand j’ai pris un an loin de mon parcours académique pour parfaire mon français, mes aptitudes intellectuelles, soigner ma communication et rentrer dans les détails de toutes les choses dont j’aurai besoin dans mon domaine de prédilection que les portes ont finalement commencé à s’ouvrir de mon côté.

L’univers s’aligne toujours au côté de ceux qui maîtrisent ce qu’ils font et de ceux qui essayent. Vous voulez plus être chômeur, développer votre plein potentiel. Passer du général au spécifique et du spécifique en profondeur.

Arrêtons de nous disputer sur «j’ai entendu quelqu’un dire……..» ou « je l’ai vu sur la télé……….. » et concentrons-nous sur « j’ai mené des recherches sur …….. », « j’ai appris à faire…… » « J’ai analysé des résultats de……», « j’ai déduit une relation de cause à effet en se basant sur …….. ».

Et si vous êtes jeunes, vous avez l’avantage du temps par rapport aux autres. Vous pouvez vous permettre de vous expérimenter avec de la pratique au lieu de se perdre sur la théorie académique.

Apprenez, testez ce que vous avez appris, échouez encore et encore. C’est le seul moyen d’approfondir vos apprentissages et vos expérimentations.

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