L’humain étant de plus en plus emporté par la vitesse extraordinaire d’envahissement des moyens de distraction venant de tout part dans sa vie quotidienne, la majorité d’entre nous a fini par suivre le chemin qui s’appelle ‘’plus tard’’ pour n’avoir que destination la place qui s’appelle ‘’jamais’’.
La procrastination est devenue ce mal ravageur qui tue beaucoup de potentiel chez les porteurs de potentiel et cet assassin égoïste qui inhibe pas mal d’opportunités. Elle est l’une des causes phares d’échecs de beaucoup et surtout chez les jeunes.
La procrastination vient du terme latin « Pro » qui signifie « Avant » et « Crastinus » qui signifie « lendemain ». C’est l’envie systématique de vouloir remettre tout le temps ce qui doit être fait à un délai ultérieur pour des raisons qui souvent n’a aucun fondement justifié autre que la paresse intellectuelle, psychologique et physique déguisée sous formes d’excuses et d’alibis.
Mais en y regardant de près, il est, avant tout, plus un état psychologique que de la paresse déguisée comme le confirme le fameux l’adage de Mark Twain « les choses ne sont pas difficiles à faire. Ce qui est difficile c’est de nous mettre en état de les faire ».
Bien que beaucoup l’associe avec la notion du temps, la cause principale de la procrastination est loin d’être associée uniquement à l’incompréhension de la notion du temps.
Nous prenons bien conscience des délais repartis, des tâches à exécuter et des deadlines à respecter. Souvent même, nous réglons nos propres systèmes d’alarme et d’alerte juste pour se rappeler de la notion du temps et l’importance d’être dans les délais.
Ils vous arrivent bel et bien de programmer votre séance de sport ou de programmer une révision et pourtant la première chose que vous faites au premier déclenchement de l’alarme c’est de cliquer sur ‘’Stop’’. Ce qui témoigne d’ailleurs qu’une mauvaise appréhension ou gestion du temps n’est pas du tout une cause pertinente pour justifier la procrastination.
Alors, la question qui se pose c’est si on est conscient de la contrainte du temps, de l’importance des tâches que nous devons réaliser et leurs impacts que ce soit pour notre propre bien être ou pour la réussite de notre équipe ou pour ce nouveau projet qu’on doit finir, pourquoi certains procrastinent-ils alors. Pourquoi certains décident de mettre tout à péril pour leur petit confort temporaire et passif ?
La réponse à cette question peut être trouvée en étudiant de près la psychologie et la configuration cérébrale des humains. J’ai pu trouver, en lisant quelques livres sur la mémoire et la psychologie humaine qu’il existe une relation de cohérence absolue entre les constituants de notre cerveau et nos différents comportements surtout quand il s’agit de prendre des décisions.
J’espère qu’à la fin de cet article, je saurai vous dessiner un schéma et une image claire dans votre tête qui vous aidera à sortir du camp des ‘’plus tards’’ pour rejoindre le camp du ‘’maintenant’’ .
Le cerveau humain est composé de deux parties : le néocortex (la partie gauche) et le cerveau limbique (la partie droite).
Le néocortex est la partie rationnelle et analytique de notre cerveau qui nous permet d’induire, de déduire, de rationaliser, d’interpréter les données, d’analyser et de prendre des décisions logiques, fondées et factuelles.
C’est la partie qui nous permet de rendre ce qui est complexe simple grâce à des relations de cause à effet.
Etant donné que ce qui est logique est facilement exprimable, c’est aussi cette partie de notre cerveau qui nous donne la faculté de langage ; de traduire les schémas & pensées rationnels et logiques en mots simples et compréhensifs.
Par exemple, si vous avez lu un article sur la baisse de la valeur immobilière et vous en déduisez que c’est forcément dû à la crise économique qui n’est jamais éternelle et vous décidez, sur cette base, d’investir dans ce secteur en attendant que les prix remontent, c’est parce que votre néocortex a bien pris le dessus sur votre processus de pensée en trouvant une relation de cause à effet entre le déficit d’argent et la dégringolade des valeurs immobilières.
La deuxième partie du cerveau c’est ce qu’on appelle le cerveau limbique. Elle est responsable de nos émotions, nos sentiments, de nos états d’esprit, de nos croyances et valeurs ; de tous les aspects qui ne peuvent être expliqués tout simplement et qui ne se fonde sur aucune logique mais plutôt sur la foi et l’intuition.
Elle est responsable de nos émotions positives tels que le désire, la foi, l’amour, l’enthousiasme et l’espoir ainsi que nos émotions négatives comme la peur, la jalousie, la haine, la revanche, la cupidité, la superstition, la tristesse et la colère.
Cette partie n’est pas dotée de la faculté de langage. C’est la raison pour laquelle on a du mal à s’exprimer quand on est fâché, triste ou choqué parce que tout simplement elle ne dispose pas de dispositif qui lui permet d’analyser, d’interpréter et de traduire les émotions en paroles. Cette partie ne fait qu’exprimer son état à sa forme pure.
Du coup, la prochaine fois que vous voyez un petit joyeux qui rit et qui ne sait même pas pourquoi, ne le traitez pas de fou, son cerveau limbique est en train d’exprimer sa gaieté à sa forme pure qui est le sourire. Pareil pour le professeur fâché qui tape sur la table ou l’enfant malade qui pleurniche.
Le cerveau limbique est ce qui fait que nous apprécions davantage les personnes avec des valeurs telles que l’intégrité, la loyauté, l’honnêteté, la générosité sur les personnes qui en manquent.
C’est ce qui fait que nous aimons quelqu’un bien que nous ne soyons pas en mesure de justifier ni d’argumenter pourquoi nous les aimons. Comment est-ce possible tout ça ? Parce que cette partie du cerveau ne sait pas argumenter. Tout ce qu’elle sait faire, c’est sentir.
Pour revenir à notre sujet et une fois que nous avons compris les deux composants du cerveau humain. Voyons un peu le mécanisme de pensée ou le processus de prise de décision d’un procrastiné et d’un non procrastiné.
Souvent, ceux qui sont réactifs, ponctuels, exécutants, déterminés, vifs, ambitieux, passionnés et responsables ont tendance à poser le pour et le contre de chaque décision qu’ils prennent et à analyser son impact. Ils aiment les détails, ils sont spécifiques, réalistes et prennent la notion du temps au sérieux.
Ils savent et sont superbement conscients que dans la vie tout est interconnecté. Tout est lié d’une manière ou d’une autre. Chaque décision, aussi minime et insignifiante qu’elle soit, contribue plus ou moins à la réussite d’une vision ou ambition individuelle et/ou commune.
Ils comprennent que le client mécontent et insatisfait dont les besoins et attentes ne sont pas pris en compte dans les meilleurs délais amènera encore d’autres clients mécontents et insatisfaits qui à la longue vont anéantir la réputation de l’entreprise. Toute chose a dû démarrer d’une petite chose.
Que cette petite enflure sur votre jambe que vous sous-estimez aujourd’hui peut vous causer une imputation demain. Que cette réponse que vous retardez de donner à votre client peut baisser de manière significative votre chiffre d’affaire.
Ces types de personnes sont rationnelles, analytiques, factuelles, logiques et réalistes. Elles sont proactives et non réactives. Elles connectent facilement les différents points et schèmas pour en tirer une image, claire, précise et fiable.
En d’autres termes, c’est des personnes qui souvent laissent leur ‘’néocortex’’ animer, guider et piloter leurs pensées et leurs processus de prise de décision. C’est des personnes qui endorment leurs sentiments, émotions, rêves et impulsions du moment pour faire ce qu’il faut.
Et ça, c’est le mécanisme de pensée et le processus de prise de décision d’une personne qui ne procrastine pas.
Cependant, le processus de pensée des procrastinés est complètement différent. Ils sont pilotés, guidés et contrôlés par la partie limbique de leur cerveau ; la partie émotionnelle, imaginaire, superficielle et réactive.
Les procrastinés sont des personnes qui sont à la quête éternelle de récompense instantanée. Ils écoutent ce que leur dicte leur cerveau limbique et ils réagissent par obéissance grâce au confort temporaire et la récompense instantanée que leur fait sentir l’action en question.
Par exemple, l’école vous fixe une date pour l’examen et vous en êtes bien conscients. Que vous devriez d’ores et déjà commencer à réviser. N’empêche, à chaque fois que vous ouvrez votre cahier, votre cerveau limbique prend le dessus avec sa voix redondante « Et si on regardait le nouvel épisode de Game of thrones, le nouveau clip de Waly Seck ou juste prendre le temps de défiler sur Facebook, puis Instagram, puis Snapchat, puis Twitter pour voir ce qui se passe »
Et vu que le processus mental et la psychologie des procrastinés sont configurés de tel sorte que c’est la partie limbique qui contrôle, vous allez finir par réagir : regardons ce nouvel épisode, ce nouveau clip, commentons cette photo sur Instagram, telle publication sur Facebook, tel tweet sur Twitter puis quelques messages sur WhatsApp.
Boom, il fait déjà nuit. Votre cerveau limbique vous exhorte de dormir un peu. Et là encore vous réagissez avec un bon sommeil. Pire, vous avez oublié de régler votre alarme. Puis, vous vous réveillez le matin avec un sentiment de culpabilité « Comment j’ai pu perdre toute ma journée hier ? Aujourd’hui, je vais plus procrastiner. Je vais bosser. »
Hum !!! Pourtant, vous avez fini par faire la même chose qu’hier.
Comment expliquer cela ? C’est simple. Vous vous laissez emporté par la partie sentimentale, émotionnelle et réactive de notre cerveau qui ne cherche qu’à obtenir ce qu’elle veut de manière instantanée sans jamais poser l’étendue ni la conséquence de ses impulsions et agissements sur l’objectif que nous essayons d’atteindre ou auquel nous cherchons à contribuer.
Elle veut s’amuser, vous allez lui donner de quoi s’amuser. Elle se sent seule, vous allez vous évader sur les réseaux sociaux. Elle a sommeil, vous allez dire ‘’j’ai envie de dormir’’. Elle veut manger du chocolat, vous allez la lui procurer malgré les nombreuses mises en garde de votre médecin.
Pourquoi les procrastinés obéissent toujours à son ordre ? Parce que la personne qui est contrôlée par sa partie limbique s’identifie elle-même dans la récompense instantanée. Elles cherchent des moyens de s’évader de la réalité au lieu de l’affronter et de faire avec.
Maintenant, si les procrastinés sont guidés par leur cerveau limbique et les non procrastinés par leur néocortex, comment un procrastiné pourrait-il alors transmuter d’un mécanisme de pensée à un autre ? Quels sont les différents stimulus mentaux qui peuvent déclencher cette transmutation ?
Je me rappelle passer un bon samedi matin au long de la route nationale de la CICES où il y avait un long fil d’attente de milliers de personnes qui étaient littéralement en mode bousculade pour faire leur dépôt de nouveaux permis biométriques.
Je me suis dit comment est-ce possible qu’il y ait autant de personnes non inscrites alors que les inscriptions sont ouvertes depuis presqu’un an.
Il s’est révélé (pas besoin de preuve scientifique pour cela) que le Sénégal est un pays dont la majorité sont des procrastinés ou des ‘’types-de- dernières minutes’’. Tout le monde était là parce qu’on était à trois jours de la date d’arrêt des inscriptions.
Figurez-vous qu’il a suffi qu’on soit à trois jours du deadline pour que tous ces présumés procrastinés se mobilisent. Ceux qui se lamentaient de leur manque de temps sont subitement prêts à passer toute la journée pour déposer un document qu’ils auraient pu déposer y a quelque mois de cela en moins de trente minutes ?
Qu’est ce qui a changé ? D’où vient-elle cette soudaine force et motivation de faire ce qui est logique ?
En effet, le premier stimulus (ou au moins le stimulus dominateur) qui déclenche chez un procrastiné cette envie, cette force, cette motivation soudaine de faire taire ses impulsions provenant de son cerveau limbique pour revenir à la réalité, la logique, au factuel grâce à son néocortex c’est : la contrainte du temps ; le délai.
Le délai c’est ce qui déclenche la panique chez les procrastinés. C’est ce qui leur donne soudainement cette motivation de sortir de leur zone de confort, de ne plus écouter leurs émotions, leurs sentiments, leurs fantaisies et de se concentrer à 100% sur ce qu’ils ont à accomplir le plus rapidement possible.
Par conséquent, les non procrastinés n’ont pas besoin d’un stimulus. Ils s’auto-motivent. Ils exécutent pour le bonheur d’exécuter. Ils fonts parce qu’ils aiment faire. Ils aiment faire bouger les choses parce qu’ils savent qu’ils ont un rôle important dans la réussite de la machine de manière holistique.
Ils savent que la notion du temps est abstraite. Tout ce qui compte c’est le présent. Le futur et le passé ne sont que les conséquences du moment présent.
Parfois, le stimulus peut être un point tournant qui change carrément la perspective de quelqu’un par rapport à la vie. Quelqu’un qui n’a jamais eu un penchant pour les sports de combat peut soudainement devenir un habitué à cause d’une histoire d’agression ou des histoires de moquerie répétitive.
Un enfant qui n’a jamais aimé les bancs de l’école peut soudainement devenir le meilleur de la classe à cause de la mort de son père ou tout simplement un bon businessman parce que la réalité lui oblige à assumer les charges de la maison.
Il est important de signaler que nous nous procrastinions tous d’une manière ou d’une autre. Par exemple, ma sœur est toujours à jour avec les derniers épisodes de ses séries télévisées. Elle ne badine pas avec. En revanche, quand il s’agit de s’asseoir et de se concentrer, c’est plus facile d’aller à la lune que de la faire faire.
Tout le monde se procrastine d’une manière ou d’une autre pour une bonne et simple raison que ce qui est prioritaire pour vous peut ne pas l’être pour quelqu’un d’autre ; ce qui est urgent pour vous peut ne pas l’être pour une autre ; ce qui est primordiale pour vous ne l’est certainement pas pour une autre.
Ce constat est beaucoup plus pertinent dans notre vie personnelle. En revanche, dans le milieu professionnel, c’est rarement nous qui fixons ce qui est important ni ce qui est urgent. Notre employeur nous le fixe pour nous.
Et vous avez intérêt à faire ce qui est urgent et important si vous voulez vraiment exceller dans votre carrière.
Imaginez, vous avez votre vie, vos objectifs personnels sans aucune contrainte de temps pour vous stimuler à être dans l’urgence. Vous passez votre temps à reporter, à repousser ce qui doit être fait ; encore et encore parce que vous vous dites vous avez encore du temps.
Vous avez l’habitude de vous dépendre plus sur vos sentiments et émotions du moment que sur vos futures aspirations et les différents plans pour y parvenir.
Si vous êtes ce genre de personne, je vais vous révéler dans les phrases suivantes comment changer votre perspective quand il s’agit de procrastiner.
Tout d’abord, retenez ceci !
‘’Perdre la notion du temps est une mauvaise chose. Mourir avec des regrets sur des choses que vous auriez dû faire ou auriez aimé faire est encore pire. Se rendre compte des effets de sa procrastination sur le lit de la mort est une agonie’’
Honnêtement, mourir avec des regrets et des remords sur des choses pour lesquelles j’avais entièrement le contrôle, le temps et l’énergie pour les réaliser est et reste ma plus grande peur.
Je vais partager avec vous un moyen simple pour ne jamais connaitre ce sentiment de désolation et du temps perdu. Comment faire ça ? C’est simple ! Voyez la vie comme une check-list de N semaines.
Je vais partager avec vous un moyen simple pour ne jamais connaitre ce sentiment de désolation et du temps perdu. Comment faire ça ? C’est simple ! Voyez la vie comme une check-list de N semaines.
Nous avons tous une durée limitée sur terre ; une durée qui ressemble à une éternité mais en réalité, n’est qu’une nanoseconde. Selon l’ONU et leur étude publiée en 2017 sur les évolutions de l’indicateur Espérance de Vie à la Naissance, un homme a, en moyenne, une espérance de vie de 79.5 ans contre 85.3 ans pour les femmes.
Maintenant, essayons de considérer la vie d’un homme qui peut probablement vivre 79.5 ans comme une image numérique, zoomer jusqu’à ce que vous voyez les carrées de pixels. Imaginez les pixels étant les nombres de semaines que vous allez vivre.
Il suffit de défiler la souris de votre ordinateur juste une fois pour passer de cette belle image claire et embellie à un nombre fini de petits points et vice-versa.
En même temps, un homme de 79.5 ans aura vécu 1024 mois. Convertissez ce chiffre en semaines et vous aurez 4094 semaines. Maintenant, Faisons une autre expérience ensemble.
Ouvrez votre feuille Excel. Sélectionnez 1024 colonnes et chronométrez la durée de la sélection. Normalement, vous devez être en moins de 30 secondes. Vous vous rendez compte qu’il a fallu moins de 30 secondes pour souligner ou check-lister votre vie. A quoi bon de tout le temps procrastiner si votre vie peut être revue en moins de 30 secondes.
La meilleure manière de combattre la procrastination c’est de voir la vie comme un ensemble de colonnes à cocher. Plus de colonnes vous cochez, plus votre vie aura du sens et plus vos réalisations seront impactantes et plus votre héritage sera utile pour la génération future.
Plus de temps vous passez à remettre ultérieurement ce qui pourrait être fait aujourd’hui, plus vous laissez de colonnes vides dans votre tableau ; moins vous contribuerez au bien-être de l’humanité.
Pour conclure, je veux qu’à chaque fois que vous envisagiez de procrastiner, de revenir lire cet article et vous allez à chaque fois vous rendre compte que : personne ne doit mourir de soif à côté d’une fontaine.
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