Quelques mythes à démystifier autour de l’entrepreneuriat

Entre ce qu’on est au moment présent et ce qu’on pourrait éventuellement devenir, il existe une multitude de vies potentielles qui peuvent prendre vie dans cet espace. Il se pourrait que vous viviez plusieurs vies à la fois. Aucune ne serait facile, remplie d’exploits et parsemée de roses. Alors, sachant que la galère est garantie mais la réussite ne l’est pas, pourquoi ne pas choisir, au moins, une qui va vous transformer au passage et contribuera au bien-être de l’humanité en conséquence. 

Quand j’étais gamin, je rêvais de devenir astronome comme Neil Armstrong. A l’époque, je pensais qu’un astronome était quelqu’un qui conduisait des fusées sur la lune pour faire du bricolage afin de permettre à tout le monde de pouvoir regarder la télé, communiquer, voyager dans l’espace et rendre le monde meilleur.

Un rêve d’innocent qui n’a pas trop perduré. A l’âge de 14 ans, la réalité me heurta en plein visage. Il existe un seul département d’Astronomie en Afrique et ça se situe en Afrique du Sud à l’Université du Cap. Et même si on réunissait tout le patrimoine financier de mon quartier, je n’aurais toujours pas eu les moyens d’y entrer.

Au lycée Aboul Houyoun d’Alexandrie, Egypte, j’avais un excellent Professeur Chimie ; M. Moustapha Houweynat. Il m’a introduit à l’univers des atomes, molécules et réactions chimiques. Il nous parlait de la composition de l’atmosphère, de certains produits à base chimique, du réchauffement climatique, de l’explosion de Hiroshima, etc.  Je me suis dit : « peut-être j’ai encore une chance de bricoler l’environnement et l’atmosphère. Je veux devenir ingénieur environnementaliste, remettre notre environnement à son état optimal, combattre le réchauffement climatique et contribuer au bien-être de tous. Encore, un autre rêve d’innocent.

Après mon baccalauréat obtenu en Arabe et qui coïncidait juste avec la fin de mon parcours de langue Anglaise à AMIDEAST, j’ai été accepté par l’Université d’Oregon, Portland pour une formation en Génie Environnement. Encore une fois, les frais de scolarité de 40 000 dollars représentaient une grosse somme pour ma famille. Une nouvelle déception de taille.

Je suis rentré au bercail, au Sénégal, avec un sentiment de désespoir. Par coïncidence, j’ai entendu parler du Département Génie Chimique à l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar. Rien que le mot “ chimie ” m’a attiré. Mon cerveau s’est mis à tourner. « Peut-être, j’ai raté ma chance de bricoler sur la lune, d’améliorer notre atmosphère. Cependant, je peux toujours prétendre, après cette formation, de façonner et de formuler des produits agro-alimentaires à base chimique que nous consommons et utilisons quotidiennement, et au pire des cas, vérifier leur conformité. 

Au moins, ce rêve était plus réaliste et pertinent par rapport aux deux autres précédents. Il y a quelques années, j’ai eu mon diplôme de Technicien en Industries Chimiques et Agro-alimentaires. J’avais hâte d’intégrer le milieu professionnel. Après plusieurs dépôts et demandes, j’ai fini par obtenir un stage d’un mois dans une grande société de brasserie de la place précisément au niveau de production des boissons gazeuses et alcoolisées. 

Hélas, ma naïveté a encore pris une nouvelle tournure. Comment peux-tu fabriquer des boissons gazeuses et penser que t’es en train de changer le monde ? 

Au bout de deux semaines, je me suis rendu compte que le processus de fermentation éthylique n’est pas, en réalité, aussi compliqué que notre Professeur de Biochimie nous faisait croire. C’est un processus par lequel des glucides (sucres) enfermés dans un espace sans oxygène se désintègrent à cause des bactéries endogènes pour donner un liquide amer, mûr qu’on appelle alcool fermenté. Plus le temps de fermentation est long, plus l’odeur des bactéries désintégrées s’intensifie. Néanmoins, ne me demandez pas plus de détails parce que je n’en ai jamais goûté.

En effet, une unité de production agro-alimentaire ressemble à la cuisine de votre maison mais au lieu d’une bouteille de gaz, des marmites, des robinets et ingrédients, vous avez des chaudières, des grandes cuves, des tuyaux, des intrants et un tableau de contrôle. En plus, ça sent la nausée à l’intérieur de temps en temps et à moindre erreur toute la production est fauchée. 

Tout cela pour simplement dire, je n’ai pas étudié toute ma vie pour devenir simplement un cuisinier d’un produit que je ne consomme même pas. En plus, l’odeur du houblon (additif qui donne à la bière son amertume) me donnait des vertiges. De toute évidence, j’avais deux options : soit quitter ou soit laisser mon esprit se fermenter là-bas. J’ai choisi la première option avant même la fin prévisionnelle de mon stage.

Prochaine destination : Institut Technologie Alimentaire. Je croyais sincèrement (encore une autre marque de ma naïveté exceptionnelle) que faire un stage dans un laboratoire chimique était une manière de changer le monde. « Cette fois-ci, au moins je ne vais pas cuisiner mais je vais formuler, vérifier et contrôler la qualité d’un produit comme Walter White dans Breaking Bad dans le sens positif » je me disais. 

La première semaine, je passais mon temps à effectuer le dosage des protéines et de l’acidité sur des farines de bébé et des huiles. Deux jours après, c’était la routine ; même mode opératoire, même procédure et même protocole. Pour quelqu’un qui apprend vite, c’était comme passer par la même route encore et encore ou faire le même cours pendant une semaine. Je m’ennuyais à mourir.

La deuxième semaine, j’ai insisté à ce qu’on me donne un nouveau paramètre physico-chimique à analyser. « Ok, voici le mode opératoire d’analyse du taux d’humidité et des cendres, je te laisse analyser les deux bouillons ; sous ma supervision » dixit mon maître de stage. Ah finalement, il était temps !

Quelques jours après, je me plaignais encore une fois et je lui ai demandé de me donner du nouveau. Je ne vois pas de défi ni d’opportunité de croissance à suivre une procédure à la lettre en répétition et sans variation. La troisième semaine, il m’était évident que s’enfermer dans un laboratoire chimique avec peu d’EPI (Equipement de Protection Individuelle) ne rendra pas ma vie meilleure. Au contraire, je risquais de la raccourcir sérieusement.

Fini les rêves de bricolage astronomique, environnementaliste et chimique. Je voulais intégrer le rang des grands, des managers et des décideurs. Très difficile de changer quoi ce soit si vous êtes au bas de l’échelle et que votre boulot est d’appliquer sans jamais se poser de questions ; surtout quand vous êtes de nature à poser constamment des questions au point de frustrer les gens. 

J’ai décidé de faire un master en Management de la Qualité, Hygiène, Sécurité et Environnement. En principe, un manager QHSE pilote, planifie, exécute, mesure et améliore toutes les dispositions nécessaires et utiles pour une meilleure qualité des produits et services, la préservation de la santé et sécurité des travailleurs et la maîtrise des aspects et impacts environnementaux.

C’est quelqu’un qui vient directement après le Top Management, travaille avec tous les processus opérationnels et de support. Il aide l’entreprise à se conformer sur le plan normatif et réglementaire et promeut les bonnes pratiques tout en découvrant le rôle que joue chaque personne dans l’entreprise. J’ai intégré le département QHSE de plusieurs entreprises de la place. Pour la première fois de ma vie, j’ai aimé mon boulot. 

J’apprenais tous les jours et j’avais des mentors exceptionnels. En plus, je comprenais tout ce qui se passait dans l’entreprise sur le plan technique et managérial ; pas mal pour quelqu’un qui se pose tout le temps de questions. Tout allait à merveille jusqu’à ce que je rencontre quelqu’un (qui est devenu depuis lors un ami) qui me parlait de l’entrepreneuriat, de la création de business, de profit, de projets, d’indépendance financière, etc.

Peut-être avant de sauver quoi que ce soit, faudrait-il se sauver soi-même. C’est vrai que j’aimerais changer le monde mais j’aimerais aussi devenir riche. Il décrivait l’entrepreneuriat tellement bien et donnait tellement d’exemples de réussites entrepreneuriales que je me suis senti, d’un coup, un échec absolu. 

Peut-être, la seule chose qui mérite d’être bricolée c’est de l’argent et non la lune, ni l’environnement ni la chimie. Après tout, la terre est vieille de plus de 3,5 milliards d’années et, en tant qu’être humain, je suis présent ici, sur cette terre, que pour quelques nanosecondes avant d’être mouliné aux oubliettes. Alors, j’ai décidé de me sauver d’abord. L’individu commande le collectif et si chacun s’en sort financièrement, le monde serait certainement meilleur. Telle était ma conclusion.

Ça y est. Je me lance avec mon ami dans l’aventure entrepreneuriale tout en préservant la sécurité temporaire qu’offre le salaire, une chose qui vient lentement comme une tortue mais part rapidement comme un lièvre. 

Quatre ans déjà et je peux vous garantir que la réalité est très loin du rêve de départ. Beaucoup de mythes existent autour de ce sujet. Des histoires fascinantes et révolutionnaires de succès. Cependant, celles-ci sont les exceptions. La majorité échoue. Le processus est difficile, chronophage, énergivore et demandeur. La galère est garantie mais la réussite ne l’est pas. 

Par conséquent, je ne vais pas vous raconter ici combien gagnent les 0,01% des entrepreneurs qui réussissent ou les balades paradisiaques aux îles des caraïbes qui n’arrivent presque jamais ou qu’après 15-20 ans de labeur, non plus les histoires à la Roméo-Juliette. Plutôt les réalités mondaines et quotidiennes que constitue la réalité entrepreneuriale.

Dans mon bref parcours tumultueux, vous pouvez voir à chaque fois comment la réalité était différente du rêve ; comment la situation actuelle s’éloignait de la situation souhaitée. Et si on disait les choses telles qu’elles sont, il y aurait moins de mythes à démystifier. A quoi ça sert de falsifier ou de simplifier la réalité ? Et si on essayait de dire la vérité ou, au moins, ne pas mentir.

Dans cette logique, faisons une petite analyse entre les différents mythes et la réalité du terrain autour de l’entrepreneuriat. Qui sait, peut être ce partage personnel d’expérience vécue rendra votre quête entrepreneuriale plus réaliste et moins délirante comme l’était la mienne.

Mythe 1 : Créer une entreprise, trouver des clients et faites-vous de l’argent.

Réalité : Ce n’est pas aussi simple que vous croyez.

L’entrepreneuriat est devenu de nos jours une tendance qui attire pas mal de personnes qui cherchent des raccourcis pour se faire de l’argent. Il est décrit comme l’eldorado où il suffit juste de pointer les pieds dans la sphère, de faire partie du jeu pour voir tous ses rêves et fantaisies devenir réalité.

Bien, je vais vous raconter l’histoire du gars qui voulait devenir comptable financier parce qu’il croyait que celui qui gère et traite avec l’argent à longueur de journée doit être forcément riche. Cela fait 35 ans qu’il travaille dans le domaine financier et il n’a jamais vu passer de billets d’argent. Que de la paperasserie à longueur de journée.

Certes, l’entrepreneuriat peut être une source d’accumulation de richesses. Si vous croyez que cela arrive du jour au lendemain, souvenez-vous de mon ami comptable qui disait « j’ai fait toutes ses années pour me rendre compte que c’est la caissière qui encaisse l’argent et elle peut y rien toucher sans que quelqu’un s’en rende compte. En plus, c’est un boulot très mal rémunéré. »

Le processus entrepreneurial est long, pénible, tumultueux, rugueux et compliqué. Au lieu de pencher sur le style de vie grandeur et luxueux des entrepreneurs qui réussissent, penchez-vous sur leurs parcours, leurs échecs et galères. 

Souvent, le résultat est une tape à l’œil. C’est le processus qui donne des clous. Il vous montrera quand est-ce qu’il faudra remodeler l’idée, comment bien choisir son modèle économique, comment identifier ses clients, comment définir sa stratégie de prix, sur quels leviers de croissance se baser, etc.

C’est un travail de terrain et non de spectateur en haut de la tribune. Il se pourrait que vous échouiez. Cette probabilité d’échec dépasse les 90%. Néanmoins, vous serez transformé au cours du processus. Vous atteindrez une meilleure version de vous-mêmes ; prêts à entamer d’autres batailles. C’est la difficulté du parcours qui donne à la vie du sens. 

Par conséquent, si vous voulez devenir riche facilement, l’entrepreneuriat vous décevra. Par contre, si vous voulez une quête difficile qui vous donne une opportunité de croissance, d’apprentissage et d’amélioration continue avec une probabilité significative d’échec, bienvenue. 

Mythe 2 : Plusieurs offres de produits et services équivaut à plus d’argent.

Réalité : Vous voulez gagner plus, chercher à donner plus de valeur.

Quand j’étais gamin, j’étais têtu et incontrôlable. Cependant, mes parents ont fini par comprendre que le meilleur moyen de me contrôler était de me tenir tout le temps occupé de quelque chose ; que ce soient des jouets, un bout de chocolat, un match de foot à la télé. Quand mon intérêt commença à se dissiper, bonjour aux perturbations. Du coup, ils changèrent rapidement le cadre, d’une chose à une autre, jusqu’à ce que la fatigue me gagne ; ensuite dodo. Pas mal comme stratégie ! 

Cette analogie, on la voit souvent dans le milieu entrepreneurial. Des vendeurs de produits qui changent constamment de produits, des prestataires de services qui pivotent tout le temps dans l’espoir de gagner plus en suivant la vague et la mouvance. Si cette diversification est stratégique et porte ses fruits, alléluia pour vous.

Cependant, plusieurs offres de produits et services n’amènent pas forcément une augmentation de chiffre d’affaires. Suivre la vague est plus excitant sur le court terme mais pas forcément la meilleure stratégie sur le moyen et long terme. Elle est trop imprévisible pour être digne de confiance. En revanche, la création de valeur est toujours rémunérée d’une manière ou d’une autre sur le long terme.

Vous voulez gagner plus, trouvez un moyen d’aider plus, de simplifier la vie des autres plus. Réfléchissez en termes de valeur que vous allez procurer dans vos produits et services et non le nombre que vous allez vendre pour en sortir. Un bon contenu vidéo inspirant, original et créatif sur Youtube aura plus de valeur et certainement plus de retombées financières que 100 vidéos de mauvaises qualités sur des sujets incohérents. 

En plus, les études du Psychologue clinicien, Dr. Jordan Peterson, ont démontré que, si vous travaillez 10% plus que les autres, vous allez gagner 40% plus. Autrement dit, si vous donnez 10% plus de valeurs et d’efforts que les autres, vous aurez une augmentation nette de 40% sur vos revenus. 

Cette corrélation est tout à fait visible dans le milieu professionnel. Les plus productifs gagnent plus. Comment faire pour être performant ? Travaillez efficacement et productivement plus que les autres. Et cela nécessite un sacrifice supplémentaire au-delà de ce qui est nécessaire. 

Mythe 3 : Créer un business avec les autres, co-fondez, cherchez des partenaires.

Réalité : Si vous créez un business avec un ami, partenaire, un membre de la famille. Soyez prêts à tirer un trait sur cette relation.

Je crois humblement que c’est possible de monter un business entre amis, partenaires et proches et de réussir l’aventure belle. Cependant, le risque de conflit et de divorce impitoyable semble plus élevé dans le contexte familial ; ce qui est tout à fait logique sachant que les relations d’affaires sont, en quelque sorte, un mariage. Le début est toujours romantique mais la fin peut être rocambolesque. 

Une amitié, un partenariat ou un lien de parenté implique des traits communs qui lient les deux parties. Cependant, si ces traits qui vous lient et qui fondent votre relation sont la lassitude, l’absence d’éthique du travail et la spontanéité démesurée. Peut-être, c’est mieux pour vous deux de planifier des soirées de Netflix plutôt que de créer un business.

De toute évidence, l’entrepreneuriat est une démarche sérieuse. Seules les paranoïaques y survivront. Elle nécessite de la discipline, de la constance, de l’engagement, du courage et du goût de la performance. C’est un voyage turbulent déjà pour une personne. Plus le nombre augmente, plus les zones de turbulence se multiplieront. Imaginez voir votre co-équipier rebrousser chemin ou se désintéresser au pire moment ou tout simplement essayer de dévier le navire ?  

Par conséquent, assurez-vous que vous êtes sur la même longueur d’ondes par rapport aux principes et valeurs essentiels et nécessaires pour réussir la tentative. En plus, ce serait pertinent d’avoir un mentor ou un consultant externe impartial et expérimenté qui pourrait vous départager quand chacun semble s’enfermer dans sa position. 

Un partenariat d’affaires est, en quelque sorte, un mariage. Quand l’une des deux parties ne respecte pas ses engagements, le divorce peut être brutal, coûteux et stressant. Pour cette raison, jouez votre part décemment. Et quand vous n’avez plus l’intention ni la volonté de continuer, communiquez humblement et honnêtement pour négocier votre sortie. Quelle que soit la manière, ne jamais essayer de faire couler tout le bateau.

Mythe 4 : Vous devez maîtriser ce que vous faites et connaître tous les rouages de votre domaine. 

Réalité : Vous n’avez pas besoin de savoir ce que vous faites, soyez prêts à apprendre au fur et à mesure.

Un consultant financier, un formateur, un avocat doit obligatoirement maîtriser son domaine de compétence. Le sujet est trop précis pour être nuancé amplement. Cependant, un entrepreneur qui essaye de faire décoller son entreprise à partir du rien, n’a pas nécessairement besoin de connaître tous les rouages de ses produits et services et non plus de son secteur d’activités. 

A chaque fois que je me mets devant l’écran et que j’ouvre un document vierge, je n’ai pas une idée précise de ce que je vais écrire. En réalité, j’ai qu’une idée généraliste du message que j’aimerais partager. Pour y arriver, je sais que je dois réfléchir, organiser et surtout donner du sens. Ecrire pour moi est un processus qui me permet de dire ce que je pense et de penser ce que je dis. C’est un processus de réflexion qui a un début (choix d’un sujet et ouverture d’un document vierge) et une fin (un document rempli de mots ordonnés et sensés) mais les activités qui se trouvent entre le début et la fin sont à la fois imprévisibles et illimités. Pour cette raison, je m’arrête à la limite de ma curiosité intellectuelle pour laisser le soin à chacun et chacune d’y trouver des perspectives parmi tant d’autres.

Pareil pour un entrepreneur, il est réaliste par rapport au point de départ et visionnaire par rapport au point d’arrivée. Entre la situation actuelle et la situation souhaitée, il va errer, tenter, échouer, explorer, tomber, se relever avant de se retrouver avec un modèle testé et pérenne. Même ce modèle raffiné est assujetti au changement constant du marché, des besoins et attentes des clients.

J’ai beaucoup de lacunes dans le domaine du textile. Je n’ai aucun problème à me renseigner auprès d’un couturier, styliste sur des choses que je ne maîtrise pas. Je sais orchestrer, organiser, planifier et stratégiser. Je suis un mauvais vendeur. Je ne sais pas du tout coudre ni couper. Chacun a un rôle à jouer dans l’ensemble d’où l’importance de s’entourer de personnes qui camouflent vos points d’ombre.

Cela étant dit, il est important d’identifier quel type d’entrepreneurs êtes-vous :

  • Le faiseur : il apprend par la pratique, systématise tout et s’engage sans peur dans le monde de l’inconnu ;
  • L’outsider : il est inspiré par la promesse de l’inconnu. Il défie souvent les experts et cherche à se forger une  réputation ;
  • Le conducteur : il improvise, il se distance de la manière traditionnelle des choses. Il l’imagine d’abord et après il crée son propre orchestre pour aller conquérir ses rêves ;
  • L’accidentel : il commence avec un projet passionnant, juste pour passe-temps. Il pense rarement au profit. En réalité, il s’en tape ;
  • Le collaborateur : il attire du talent. Il crée de la synergie et saisit les opportunités par l’esprit d’équipe ;
  • L’ange gardien : il est attentionné et empathique et utilise cette grille de lecture pour s’ouvrir sur et aux autres, comprendre les gens et pour mieux servir ses clients ;
  • Le leader : il est confiant et compétent. Il crée une communauté de followers et met leurs intérêts devant les siens. Un délégateur hors pair ;
  • Le visionnaire : il voit loin et comprend comment le futur se crée à partir des réalisations du moment présent. Il établit une feuille de route simple et actionnable qui mène vers la destination souhaitée ;
  • L’évangéliste : il aime partager. Son astuce ; promouvoir à travers les histoires. Tout le temps entrain de demander : comment pourrais-je raconter cela, partager, aider et servir ?  
  • L’athlète : il apporte la mentalité d’un compétiteur pour l’innovation et l’entrepreneuriat.

Peu importe quel type d’entrepreneur êtes-vous, vous ne savez absolument beaucoup par rapport à tout ce que vous aimeriez savoir. Ouvrez grand les yeux et oreilles et parlez peu. Assimilez autant que possible et pratiquez responsablement sur le terrain et ajustez au fur et à mesure.

Mythe 5 : Faites semblant jusqu’à ce que vous y arriviez

Réalité : Soyez authentiques et intègres

Avez-vous déjà entendu parler de l’attachement émotionnel. En réalité, il est fort probable qu’il vous soit déjà arrivé dans votre vie de vouloir faire plaisir à tout le monde, de chercher la validation des autres, de donner beaucoup ou de faire de gentils gestes en espérant, en retour, des faveurs au moment opportun. 

Certaines personnes sont prêtes à tout faire pour que les autres les perçoivent comme quelqu’un de gentil (M. Nice Guy) parce que tout simplement elles ne se sentent pas assez authentiques ni intègres au fond d’elles-mêmes. Elles se sentent tellement anxieuses au fond d’elles-mêmes qu’elles sont obligées de remplir le panier des autres en espérant qu’elles vont remplir en retour le leur. Ce phénomène est ce qu’Adam Lane Smith appelle « Problème d’Attachement ». Selon lui, il est l’une des causes principales de pas mal de ruptures relationnelles de toutes sortes.

En effet, nous pouvons interpréter tout dans la vie comme étant transactionnel. Cette transaction peut être saine comme malsaine. Les personnes émotionnellement attachantes sont souvent déçues par la réalité des choses tout simplement du fait que les gens ne leur retournent pas la balle forcément. Ce qui les pousse à bombarder les gens de plus de gentillesses galopantes pour assoiffer cette voie intérieure silencieuse qui leur répéte tout le temps : « tu es vraiment gentil, tu fais beaucoup pour les autres. » 

Plus ils donnent, plus les gens les reconnaissent et les aiment. Et ils utilisent cet amour externe fondé sur une transaction malsaine (j’ai fait ceci pour toi, donc, tu dois forcément m’aimer) pour donner du sens à leurs vies et pour se sentir aimées. 

Par conséquent, elles sont hyper agréables, sortent carrément de leur chemin pour satisfaire les autres, évitent les conflits et cachent souvent leur vraie et authentique identité. Elles croient si elles révèlent leurs vraies identités, disent ce qu’elles pensent vraiment ou contredisent les autres, tout le monde les verra comme de mauvaises personnes et elles seront plus aimées désormais.

Qu’est-ce que l’entrepreneuriat a à avoir avec l’attachement émotionnel ? me diriez-vous !

Primo, un entrepreneur échange des produits et services moyennant un prix spécifique payé par un client. Ce dernier ne souhaiterait pas qu’on lui force quoi que soit ou qu’on lui exige une certaine exigence. Au contraire, c’est à lui d’imposer ses exigences. A vous de les satisfaire. Il s’en fiche de vos complications, problèmes avec les fournisseurs, rupture d’intrants, etc. Il veut ce qu’il veut, quand il veut et où il le veut. A vous de vous débrouiller. Rien de personnel. C’est du business.  

Secundo, l’honnêteté et l’intégrité attirent plus que la fausse et la manipulation. Être en désaccord, faire face à des conflits, chercher des solutions pérennes à travers l’ouverture d’esprit et la curiosité sont entre autres le B-A-BA de l’entrepreneuriat. Dans toutes ces démarches, la clarté y est primordiale et l’ambiguïté y sème le désordre. La meilleure manière d’arriver à la vérité est d’être authentique et intègre avec ses dires et faires même si cela implique parfois de sortir du troupeau, d’être marginalisé et incompris. 

Essayez de dire la vérité ou au moins de ne pas mentir et vous aurez l’aventure de votre vie. De toute évidence, tout le monde ne vous aimera mais je peux vous garantir qu’ils vous respecteront. 

Tertio, vous n’avez pas besoin que les gens vous aiment pour que vous vous aimez. Si vous voulez manigancer votre chemin pour être aimé et apprécié. Vous serez souvent déçu. Comme disait Richard P Feynman : « Vous ne devez pas vous trompez vous-mêmes et vous êtes la personne la plus facile à tromper. » 

La manipulation ou l’art de porter des masques ou de jouer une personnalité n’est pas une solution pérenne. Combien de temps prendra-t-il avant que vous enlevez votre masque ? 

Être entrepreneur ne signifie pas « je dois être aimé et apprécié par tous mes prospects » non plus « je dois dire n’importe quoi sur le produit et service pour encaisser l’argent du client. » ou « je dois faire semblant d’avoir la réponse à toutes les questions. »

Au contraire, c’est d’exhiber sa nature la plus sincère et authentique au profit de votre développement personnel à travers vos offres de produits et services tout en procurant de la valeur ajoutée aux autres.

Mythe 6 : Faites plusieurs choses à la fois. Gérez tout. Ayez un œil sur tout.

Réalité : Concentrez votre attention sur une chose à la fois. Apprenez à déléguer.

Nous avons plus de centaines de millions de neurones et nous avons des milliers de pensées. Nous ne pouvons pas agir sur toutes. Par conséquent, nous choisissons ce qui est important par rapport aux urgences du moment présent.

L’entrepreneur est décrit souvent comme quelqu’un de polyvalent, versatile et qui intervient dans toutes les opérations et gère plusieurs choses à la fois. Une personne de multi-tâche, un super humain, une machine qui s’arrête rarement.

De ce fait, beaucoup dans leurs débuts se retrouvent envahis et submergés sous le fardeau du présupposé « je dois tout faire. ». Vous leur voyez pitcher, vendre, rédiger des contrats et protocoles, faire la comptabilité, négocier avec les fournisseurs, développer de nouvelles idées entre autres de manière simultanée alors que notre cerveau comme tous les autres organes a ses limites.

A force d’étouffer leur cerveau et d’épuiser leur physique, ils finissent par avoir un burn-out physique et émotionnel. La multi-tâche est un mythe. Le multi-switching est une réalité et il marche. Le principe est simple. Au lieu d’éparpiller son attention sur plusieurs choses, concentrez-vous sur UNE chose, y mettez toute votre attention, ensuite, passez à une autre tâche, mettez-y toute votre attention avant de continuer sur une autre.

Prenons un exemple. Quand votre irresponsable ami téléphone, mange son burger, change de fréquence radio tout en conduisant, il fait du multi-tâche. Visiblement, il pense être en mesure de faire toutes ses choses à la fois. Ce qui est loin d’être le cas. Son attention sera inévitablement plus concentrée sur l’une des trois tâches et une inattention de petite seconde sur le volant peut être fatale.

Au contraire, une séance d’entraînement est un exemple parfait du multi-switching. Impossible de courir et de faire du Squad simultanément. En effet, il est fait suivant un programme spécifique (un ensemble d’activités successives). Chaque activité constitue une pierre qui solidifie la pyramide. 

Pour cette raison, avoir un planning et un plan d’action simplifie beaucoup les choses. Savoir ce qui est à faire, quand les faire et avec qui les faire permet de s’organiser davantage et de déléguer au cas échéant.

Mythe 7 : Soyez patients. Toute chose arrive au bon moment.

Réalité : Ne soyez pas flemmards. Soyez proactifs.

« Tout vient à point à qui sait attendre. » Je ne sais pas à quel fou furieux attribuer ce proverbe mais il devait probablement être ivre à l’époque ou il se le répétait pour trouver la force d’attendre. Hélas, ne jamais sous-estimer ce que vous pouvez  faire aujourd’hui, dans une semaine, un mois, un an et dans une décennie.

Je vis dans l’urgence. Vous devriez aussi. Si vous aviez un combat avec un ennemi imbattable qui peut vous déraciner à tout moment, vous n’avez aucun intérêt à hésiter car chaque souffle peut être votre dernier. Le temps finira tous par nous battre. Et 90 ans de vécu n’est qu’un petit point dans la courbe historique du temps. 

Dans son livre « l’obstacle, est le chemin », l’écrivain Ryan Holiday indique qu’un parcours de quête (quelque soit sa nature) peut être catégorisée en trois phases. La première consiste à rassembler le maximum d’informations possibles autour du sujet. Vous voulez écrire un livre sur la dépression, commencez par lire ce qui a été dit sur le sujet jusque-là. Vous voulez devenir footballeur professionnel, commencez à apprendre les basiques. 

La deuxième est la phase d’exécution où vous allez vous débrouiller, galérer, vous donner les moyens, connaître des bas et des hauts pour réaliser vos objectifs. Dans cette phase, vous serez testés, challengés et éprouvés. Le courage, la détermination et la persistance vous amèneraient au bout. Les longues heures avec les yeux rivés sur l’écran afin de donner du sens aux mots ainsi que les entraînements intensifs sont demandeurs, chronophages et énergivores que seuls les vrais passionnés survivront. 

La troisième et dernière phase correspond à la patience dosée. Une fois que vous avez fait tout ce qu’il y a à faire, tout ce qu’il y a sous votre contrôle. Il est permis de laisser le temps et la main divine faire leur tour de magie. Le processus de recherche de maisons d’édition et de signature de contrats peut durer. De même que signer un contrat professionnel n’est pas facile. Cependant, toutes les deux éventualités ne seraient possibles si vous n’aviez pas fait le travail nécessaire et sans procrastination dans les deux précédentes phases.  

Alors, si vous êtes dans la première et deuxième phase dans votre quête personnelle. Ne soyez pas naïfs et stupides quand vous entendez des sages dire : les bonnes choses arrivent aux personnes qui savent attendre. 

Soyez proactifs. Anticipez et avancez à votre rythme. Ne jamais remettre à demain ce que vous pouvez faire aujourd’hui. Vivez dans l’urgence et donnez votre meilleur. 

En parlant d’un fou furieux qui ne mérite pas qu’on prenne tout ce qu’il dise comme acquis, je suis probablement un. De ce fait, testez toutes ses différentes notions dans vos réalités correspondantes et mesurez les changements et résultats qu’elles apportent.

Si elles sont prometteuses, faites-en davantage. Si elles ne le sont pas, partagez vos techniques avec nous en commentaires. 

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