Et si on arrêtait de se leurrer !

Le terme management est devenu au fil des années un terme générique dénué complètement de son sens fondamental pour n’être utilisé et inséré comme stimulant dans quelconque situation d’incertitude et d’incompétence.

Cette quête de termes de camouflage des incompétences et des failles en utilisant des mots ambigus et des causes indescriptibles ne datent pas d’aujourd’hui. Ça remonte à des années de confusion.

Durant la deuxième guerre mondiale, beaucoup d’avions et de matériels de guerre présentaient des défauts mécaniques et de conception. Et pourtant, à chaque question posée sur le sujet, la réponse était la même : problème de management des interactions, problème de management des fournisseurs, problème de contrôle et de supervision (management des processus de mesure et de surveillance, etc.).

Que s’est-il-passé quand l’Amérique a envahi l’Iraq et que des pertes humaines, financières et matérielles sans précédentes ont été enregistrées ? Ils n’ont pas pointé du doigt les soldats ni les stratèges de l’armée. Au contraire, ils ont essayé comme toujours de se cacher derrière des termes sophistiqués en disant que ça révèle d’un mauvais management et de leadership défaillant du Top Management (Administration Bouche).

Pourquoi le Sénégal et d’autres pays africains ont accepté de participer dans les débats internationaux sur le phénomène du changement climatique dû aux activités anthropiques et industrielles irresponsables des pays développés occidentaux bien que le continent africain subi 95% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ; des émissions auxquelles il n’a contribué qu’à hauteur de 1% ? 

Imaginez –vous qu’on vous demande de participer bénévolement dans un délit de meurtre auquel vous n’avez rien y voir contre quelques millions de dollars versés sous forme de projets de développement propre. Accepteriez-vous ? Si oui, révèle-t-il d’un problème de management ou d’un choix personnel ? Et pourtant, nos prétendus porteurs de voix de la nation ont encore une fois de plus mis en avant les problèmes managériaux de nos prétendus dirigeants. 

Combien de fois, on a vu des responsables d’achats choisir dans les commissions de marchés les prestataires les moins offrants indépendamment de la qualité des produits et services fournis, du respect des spécifications techniques et des délais de livraison ? Est-ce un problème de management ou un manque de rigueur. Je vous laisse deviner la réponse qu’ils choisiraient si on s’amusait d’identifier les coûts de non qualité qu’ils engendrent et ce que ça pèse sur l’entreprise. 

Toujours dans le même sens, Edward Deming, l’un des grands gourous de la qualité et principal acteur de la révolution industrielle du Japon après la deuxième guerre mondiale, a démontré après plusieurs années d’expérience dans le domaine des statistiques et de consultance que les raisons principales du déclin et de la non-compétitivité des industries américaines sont strictement liées à l’incompétence et l’errance de ceux qui sont censés définir des objectifs clairs, constants sur le long terme, communiqués et partagés avec l’ensemble des parties prenantes d’un organisme. En d’autres termes, c’est la conséquence de l’ignorance et d’absence de leadership des managers (mauvais management).

Contrairement aux autres, Deming comprenait bien que le problème n’était pas tout simplement un mauvais management. D’ailleurs, dans son livre ‘’hors de la crise’’ il a énuméré en parfaite étude de cas l’ensemble des goulots d’étranglement de l’industrie américaine en comparaison avec les bienfaits du système japonais tout en formulant des recommandations pratiques qui pourront à coup sûr renverser la tendance.

Donc, Deming, avec la complicité des différents systèmes organisationnels qu’il étudiait et la multiplicité des facteurs intervenants, il a préféré résumé tout cela en un terme ‘‘mauvais management et manque de leadership’’ tout en connaissant ce qui cache derrière contrairement à beaucoup de prétendus leaders et management.

De toute façon, l’humanité a toujours cherché des excuses face aux situations complexes. Le contexte peut changer, les acteurs aussi. Mais, l’esprit du jeu reste toujours le même : trouver une cause probable ou un coupable à portée de main avec des explications compliquées qui font que couvrir la véritable vérité de ceux qu’on veut calmer et semer le doute aux yeux de ceux qu’on aimerait embrouiller. Et dans ce jeu, les prétendus managers savent que tous les coups sont permis. 

Est-ce que le fait de cacher la vérité ou de manipuler ou de jouer des tours constitue un moyen de régler le problème ? Est-ce que des calmants ont jamais réussi à soigner une maladie ? 

Penser qu’une solution peut être définitive, pérenne et durable à l’instant T équivaut à penser que le problème de l’humanité peut être réglée en un temps.

Et que désire réellement l’entreprise ? Une lancée rapide suivi d’une descente soudaine ou une montée stratégique et modérée suivie d’une croissance soutenue et durable.

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